Quand le « Special One » devient « Spécial Mou »

Le football a ses superstars, des personnages qui dépassent la mêlée par leur parcours et parfois leur personnalité.
Mourinho a longtemps bénéficié de ces deux atouts qui ont fait de lui la superstar des coachs. Mais celui qui a eu un rayonnement majeur de 2003 à 2010 c’est peu à peu mué en caricature de lui même.

Le special one

Déjà faisons des rappels historiques, de 2004 à 2010 Mourinho est probablement le coach le plus bankable du monde, grâce à deux ligues des champions remportés avec deux équipes différentes et l’avènement au pouvoir d’un nouvel entrant.
Tout commence par la retentissante victoire de 2004 avec Porto, une victoire au nez et la barbe des plus grands clubs Européens. Une victoire Mourinhesque, du talent, des larmes, de la sueur et du sang, pour ce qui restera le plus grand exploit du football moderne de club.
Porto 2004, laisse déjà transparaître ce qui sera le style Mourinho pour les années à venir: une équipe de guérilleros, prêt à créer une révolution sous les ordres de leur commandant Mourinho qui proposent des tactiques qui sont basés sur la constante adaptation à l’adversaire, il y a des idées de football et du jeu mais pas vraiment de dogme du beau jeu, il faut être pragmatique planter en proposant du jeu par à coup et défendre avant tout pour assurer la victoire en se mettant en danger avec parcimonie.

Suite à ses épopées Portuanes, il débarque en Angleterre, à Chelsea longtemps considéré comme un club de seconde zone, mais qui grâce à son président/propriétaire Roman Abramotich commence à se constituer une crédibilité face aux cadors Anglais.
Mourinho débarque en  Premier League avec ce qui sera “son” Chelsea, club qu’il installe au sommet de l’Angleterre, qui était partagé entre Arsenal et Manchester United.Le mou arrive avec dans ses valises entre autres, quelques compagnons d’armes de Porto, Carvalho et Fereira, et Didier Drogba qui sera un de ses meilleurs lieutenants.
Le special one crée un  4-3-3 qui va dominer toute l’Angleterre encore très attachée au 4-4-2. Avec une équipe qui a probablement moins de talent que les autres écuries, mais plus de caractère et de couilles Chelsea va gagner la premier league pendant deux années d’affilée. De cette période de réussite domestique absolu, se dégage aussi des confrontations Européennes mythiques qui forgeront l’expérience de Chelsea et marqueront l’arrivée de Chelsea parmi les plus grands clubs Européens.

Au bout de trois ans de réussite,  arrive la rupture avec Roman Abramovitch, le président et propriétaire du club. Les désaccords mais certains pèseront plus que d’autre comme la nomination d’Avram Grant comme directeur sportif, ce qui ne plaît pas du tout à Mourinho, mais également l’ambition de “jouer mieux” clairement exposée par Abramovitch.
D’un commun accord les parties se séparent pour ce qui restera comme étant la naissance en Europe du Chelsea, qui s’installe parmi les plus grands d’Europe.

Guerilla pour le treble

Le temps de sonder les clubs, de se faire courtiser par les plus grands et de choisir un club qui lui ressemble, Mourinho atterrit à l’autre Milan, l’Inter. L’inter qui à ce moment performe depuis quelques années au niveau domestique, mais à besoin de franchir (enfin) le palier européen dans lequel excelle son frère ennemi rossoneri.

S’en suit des années de réussite domestique avec une équipe de taulards tauliers.De la défense à l’attaque cette équipe est taillée pour faire la guérilla sous les ordres d’un commandant.Ce commandant sera Mourinho, et ses officiers Lucio, Samuel, Cambiasso, Sneidjer, Milito ou autre Eto’o.Sur le terrain ça donne un  4-2-3-1, donc les phases d’attaques sont pilotés par Sneidjer et souvent conclues par Milito. Cette équipe avait une opacité singulière, qui était  assurée par tout un ensemble de joueurs qui auraient pu survivre dans les tranchées de 1914 à 1918.Tout cela aboutira par un chef d’œuvre de couille et de rage, la campagne de C1 de l’Inter en 2010 et le treble, c’est à dire triplé, coupe, championnat et C1, extrêmement rare au pays des quatres titres mondiaux et des vespa.
Mourinho fait ce qui sait alors faire de mieux, s’adapter à ses adversaires, proposer un jeu ou il procède par coups et par contres. Des banderilles bien placées qui arrivent à mettre à genoux ses adversaires. Les joutes allers-retours contre le grand Barça seront des chefs d’oeuvre à la théâtralisation mythique surtout quand on connaît la relation entre Mourinho et le FC Barcelone.
L’inter de 2009-2010 c’est probablement le paroxysme du style “Special One”, une équipe qui presse et attaque en fonction de l’adversaire,  une constante adaptation qui en fait le paroxysme du football pragmatique.Une équipe qui se veut dénué de conception idéologique quant au jeu et surtout . L’adhésion ultime des joueurs dans les idées tactiques de leur commandant entraîneur en témoigne l’attitude de Samuel Eto’o qui s’accommode d’une position de latéral gauche au match retour contre le Barça en demi-final de ligue des champions.

Départ pour tenter une révolution Madrilène

Après cette formidable saison, en seigneur, Mourinho pose ses valises dans le plus grand club de l’histoire : le Real Madrid.
A son arrivée en 2010, le Real Madrid est un club à l’agonie en Europe, qui ne dépasse plus les huitièmes depuis sept ans.

Mourinho ramène avec lui son ambition son charisme et sa capacité à s’adapter à toute situation ainsi que quelques joueurs, Ricard Cavalho, son vieux lieutenant et deux talents purs à polir :  l’ailier virevoltant de Benfica Angel Di Maria et le meneur de jeu du Werder de Brême et de la Manschaft Mesut Ozil.
L’équipe qu’il aura sous ses ordres, aura des qualités indéniables et proposera du football pragmatique, mais en développant plus de jeu, notamment en pressant moins bas et en proposant des transitions attaques défenses classes piloté par Xabi Alonso ou Ozil et conclues par Cristiano Ronaldo. On retiendra particulièrement la saison 2011 -2012 qui sera une réussite au plan domestique mais dont une élimination en demi en C1 donnera un arrière goût d’inachevé pour les supporters Madrilènes.

Les années Real seront aussi marquées par les confrontations titanesques entre le Real et le Barça. On pourrait aussi résumer ces confrontations par le duel Pep Guardiola contre Mourhinho. Deux entraîneurs qui était à ce moment les meilleurs du monde, l’un par une conception très ésthétique du football, l’autre par une conception très pragmatique.Les premières confrontations tournent largement à l’avantage du catalan, son football chatoyant fait mal, l’esthète donne la leçon au commandant Mourinho.Ce sont batailles perdues, mais la guerre idéologique commence.Et le Special One ne sortira tout à fait Indemne de ces batailles.

Avec ces joutes, toutes les ambitions d’adaptation permanente disparaîtront pour laisser la place à du football pragmatique, mais souvent binaire.Pour résumer l’idée, cela s’apparente à gagner à tout prix , quitte à monter l’autobus devant les cages et proposer du jeu chiant au possible.Comme si le Mou se construisait contre la pluralité des idées footballistiques d’un Pep, Mou abandonne ce qui faisait son génie, ses constantes adaptations, pour proposer du football stéréotypé.

Après s’être mis l’équipe et la direction a dos, Mourlnho quitte le navire Madrilène, non sans avoir permis au real de passer les fameux huitième et surtout avoir construit une équipe qui sera en grande partie celle qui gagnera la C1 en 2014.

Happy one to mou one.

Après avoir passé quelques temps à oublier un peu le foot, le special one qui s’auto présente en 2013 comme le “Happy one” revient sur ses terres qui l’ont porté aux nues.
Le mou revient à Chelsea pour achever ce qu’il lui a manqué lors de ses premières années au manettes, une victoire en C1.
La carrière de Mou présente quelques particularités, notamment celle de toujours gagner dès la deuxième année. A Chelsea il gagne le titre dès la deuxième année.Mais sur le terrain personne n’est dupe, le jeu est stéréotypé, ça marche, mais c’est triste. De la gestion sans risque de matchs qui certes amène vers la victoire, mais ça ne fait vibrer personne, surtout pas Eden Hazard qui se plaint de jouer dans une équipe qui ne veut pas du ballon.En Europe, ces années coïncident aussi avec médiocrité, l’élimination par l’Atlético, en perdant à domicile en quart , et par le PSG réduit à 10 en huitième ponctuent des prestations ternes.
Un début de saison bizarre  2015 et le happy one passe à la trappe.Les rumeurs se veulent persistantes, Mourinho souhaiterait à tout prix coaché le plus grand club anglais des 20 dernières années, Manchester United et cela tombe bien depuis le départ du sir Alex Ferguson, Manchester a besoin de retrouver son statut.

Le Special One puis Happy One arrive en mode Spécial Mou.
Le commandant n’a plus le couteau au bord des lèvres, première saison fade, il finit largué en championnat, mais arrive quand même à gagner la C3 sans vraiment donner une impression d’équipe irrésistible ou séduisante.Du football mou, on assure, on gère, on gagne, on range et on rentre.Cette année, le Mou en proposant du foot pragmanul est le deuxième de premier League derrière son Némésis le city de Guardiola, encore une fois ces deux figures polarisantes se retrouvent voisines et proposent deux visions totalement antagonistes du football.Sauf que Mourinho, donne l’impression de traîner son spleen sur tous les terrains, comme un commandant dont les meilleurs batailles seraient derrière lui, il semble avoir perdu toute ambition de grandeur au détriment d’une routine sans éclats.

L’élimination de la C1 contre Séville sonne comme la défaite de trop, pas tant sur le résultat, dans l’absolu ce n’est pas la fin du monde.Mais la forme représente une forme de fin de parcours, une équipe qui est autant dans le déni du jeu, est d’une tristesse absolu et ne mérite rien de plus.Et pourtant les armes que possède le mou ne sont pas mauvaises, mais aussi mal utilisés elles semblent émoussées.Commencer le match avec Fellaini, a la place d’un Mata ou d’un Pogba ou même des deux,est déjà une hérésie surtout quand on est en C1 et qu’il faut marquer à tout prix.Résultat, contre une équipe de Séville pas vraiment séduisante? mais qui propose du jeu, et surtout possède des joueurs qui ont plus envie, le mou perd, minablement, en laissant l’impression d’avoir rien tenté, rien de pire pour un commandant.

Est-ce la le symbole du chant du cygne pour cet entraîneur qui semble arriver à court d’idées ?Tout porte à croire que c’est le cas, en tout cas retrouver la fougue et la virtuosité tactique  de sa jeunesse semble de plus en plus une éventualité qui s’éloigne.
Quelles peuvent être les raisons de la cette perte d’envie?
Peut être que c’est dû à la longévité du bougre, quinze années à à haut niveau ça doit user mentalement, gagner autant de titres nécessite une constance dans la rigueur de tous les jours.
Pour rappel, à part Deschamps qui est sélectionneur et Wenger qui est encore aux manettes bien qu’il soit lui à bout de souffle depuis dix ans ans, il ne reste qu’une poignée d’entraîneur en activité de ceux qui exerçaient en 2003, au début de la carrière du Mou.
L’option qui pourrait nous faire retrouver le Mourinho, commandant, conquérant, le Special One est sûrement une prise en main de la sélection Portugaise, pour l’ amener  vers un titre qui manque dans son palmarès: une coupe du monde.
En attendant, comme il le dit lui-même, les résultats parlent, et dans ce registre c’est vrai qu’il aura presque toujours son mot à dire, même si nous spectateurs on se fait bougrement chier.

 

 

Escobar

Épicurien, avec une curiosité insatiable. Escobar est un Kameleon qui cherche à en apprendre toujours plus, et à partager un maximum.

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