4 décembre 2017 – Allianz Arena de Munich. C’était le match que tout le monde attendait du côté du PSG , le premier vrai test de la saison et il s’est révélé négatif . Oui, c’est vrai, la rencontre aller s’était soldée par un cinglant 3-0 et l’éviction de Don Carlo du côté des Bavarois. Malgré tout, ce score ne révélait en rien le contenu du match et il était alors bien trop tôt dans la saison pour en tirer un quelconque enseignement pour la suite.
Au-delà du match raté des Parisiens, on peut surtout souligner le non-match de sa star brésilienne venue justement pour briller dans ce genre de soirées. Alors, quel premier bilan tirer de la mi-saison du Ney ?
17 buts, 13 passes décisives en 20 matchs disputés cette saison, le brésilien affole les compteurs. Mais comme l’a si bien dit notre ami ajaccien Christian Bracconi « les statistiques, c’est comme les mini-jupes, ça donne une idée, mais ça ne dit pas l’essentiel ». Et oui, c’est qu’il n’a pas tort le cricri, car si les chiffres laissent penser à des prestations de haut vol de Neymar, la réalité est toute autre avec des matchs où il a frôlé l’inexistence. Loin de moi l’idée de le clouer au pilori, seulement un peu d’exigence pour ce joueur comme pour son club ne peut pas faire de mal. En effet, le PSG aura besoin d’un grand Neymar pour passer un cap, et réciproquement, lui-même aura besoin d’un collectif fort pour briller et obtenir son ballon d’or tant convoité.
Venu au PSG pour être enfin le leader de SON équipe, le résident de Bougival avait alors marqué de son empreinte son tout premier rendez-vous au Parc. C’est vrai, il ne s’agissait que d’un match contre Toulouse, mais au-delà du 6-2 infligé aux Dupraz-boys, nous avions pu observer ce soir-là une vraie grinta transmise aux 10 autres joueurs (y compris Rabiot tombé dans la nonchalance à la naissance), marquant alors une vraie rupture avec les matchs ronronnant de ligue 1 servis depuis l’ère Blanc. En effet, pour la première fois depuis longtemps, nous avions alors senti une équipe déterminée à écraser son adversaire, comme peuvent le faire les cadors européens.
La suite ? Une série de matchs de championnat dans lesquels le Ney s’est contenté du minimum avec une passe par ci, un but par là mais sans jamais poser son empreinte sur le jeu de son équipe à l’exception de la démonstration face à Bordeaux. Alors oui c’est vrai, sur le papier la ligue 1 présente des matchs loin d’être sexy avec des déplacements chiants, n’ayons pas peur de le dire, à la Mosson ou Gaston-Gérard. On nous balance sans cesse que les matchs qui comptent vraiment pour le PSG et Neymar sont les rencontres de Champions league et les confrontations face au big 4 français. Pourtant, l’expérience des années précédentes montre qu’une fois le printemps arrivé, l’interrupteur switchant le niveau ligue1/LDC se retrouve vite en panne, à moins d’une implication tout au long de l’année permettant de se maintenir dans le « jus ».
Justement, la Champions, parlons-en. S’il y a bien une chose à mettre à son actif, c’est son efficacité et son niveau d’investissement dans ces rencontres-là. Avec ses compères d’attaques Cavani et Mbappe, il permet au PSG de battre le record de buts inscrits par un club en phase de poule (27 buts, l’ancien record de 24 buts étant jusqu’alors détenu par Dortmund). Symboliquement, c’est lui qui ouvre le compteur au Celtic Park au terme d’un match frôlant la perfection, tant individuellement que collectivement, face à une équipe qu’il retrouvera quelques semaines plus tard au Parc avec la même réussite. Face au Bayern, son premier gros morceau sous le maillot francilien, sa prestation est à saluer, surtout dans la configuration tactique choisie (voire subie ?) par son équipe, son bloc ne sortant que très rarement de ses 30 mètres. Buteur et passeur, il permet au PSG ce soir-là d’être incisif à chacune de ses rares sorties de balle.
Malgré tout, comme énoncé en préambule, LE match à ne pas rater pour le Paris Saint-Germain et Neymar était bien le match retour. Les plus indulgents diront qu’il s’agissait d’un match pour du beurre, les Parisiens étant déjà qualifiés, voire quasi assurés de s’emparer de la première place. Pour les autres, ce match était l’occasion à mi-saison d’envoyer un signal à l’Europe et d’aborder les 8èmes dans des dispositions psychologiques optimales, un avantage non négligeable quand on sait les lacunes dont ils ont pu faite preuve sur ce terrain-là. Face à une équipe démontrant une grosse force de caractère et voulant redorer le blason bavarois, jamais Neymar et les siens n’ont pu sortir la tête de l’eau. Jamais l’envie qu’il avait démontrée lors de la remuntada de mars 2017 n’a transparu. Pis, s’il y a bien un joueur qui a tiré son épingle du jeu, c’est Mbappe censé être le jeune lieutenant et dont les progrès pourraient bientôt faire de l’ombre à la star auriverde.
Ce match est à mettre en parallèle avec le classique OM-PSG où, malgré un but (encore un), il n’a jamais mis l’investissement physique nécessaire à une telle rencontre et s’est laissé débordé par le traitement de faveur infligée par les olympiens, lui valant une expulsion en fin de match. Une perte de sang froid qui, sans l’intervention salvatrice de Cavani, aurait coûté la défaite aux Parisiens. Cette fois encore, une autre star de l’effectif avait fait de l’ombre au prodige. En espérant que Neymar ne souffre pas du syndrome Zlatan (même si lui collait des tartes à chacun de ses matchs face aux Olympiens).
Cette configuration est à double tranchant pour le club : depuis le début de l’ère qatarie, jamais les Parisiens n’ont eu un tel arsenal offensif, permettant ainsi à Émery de faire tourner son attaque. Malgré tout, cela peut vite devenir un problème de riche. En effet, si pour le moment la cohabitation entre les membres de la MCN semble saine, avec notamment Mbappe adulant Neymar, comme ce même Neymar adulait Messi à son arrivée chez les blaugrana, les maux de tête peuvent devenir plus persistants pour Émery et Henrique. On se rappelle tous du pseudo penalty gate certes un brin exagéré par la presse mais toutefois révélateur. Quand on sait que Neymar a quitté le Barça pour être LA star de cette équipe, comment gérer sa relation avec Cavani pilier du club sur le terrain comme dans les cœurs ? Quid de Mbappe et son ascension plus que fulgurante ? Comment gérer sa réaction si jamais un de ses compères recevait le trophée de meilleur joueur ligue 1 devant lui ? Beaucoup de questions sont en suspens et trouver les bonnes réponses sera la preuve d’une grande institution ne reproduisant pas les mêmes erreurs avec Neymar qu’avec Zlatan (encore lui).
Encore une fois, Neymar est venu à Paris pour faire passer un cap à ce club, lui permettre de manger à la même table que les grands d’Europe, et lui-même de trinquer avec Messi et Ronaldo. Une sorte de donnant-donnant. Même si les débuts du brésilien sont bons dans l’ensemble, nous ne pouvons qu’être exigeant devant un tel talent, et attendre beaucoup plus de lui dans la suite de la saison paraît plus que juste. La double confrontation face au Real permettra de savoir si le Ney est de la trempe des grands ou si lui aussi, à la manière d’un Zlatan, tombera dans le confort des titres successifs en ligue 1…